samedi 28 août 2010

La legende de la ville d’Aberdovey (The Bells of Aberdovey) – Pays de Galles

  • L’histoire :
Ce petit village de pécheur est situé au niveau de l’estuaire de la Rivière Dyfi dans le Gwynedd, sur la côte ouest du Pays de Galles. Il existe plusieurs versions de la légende mais j’ai choisi de vous raconter celle-ci :

Il y a bien longtemps au 6ème siècle, le Roi de Ceredigion se nommait Gwynddo. Il était très riche et gouvernait un grand nombre de terres, mais aucune n’était plus fructueuse que Cantre’r Gwaelod et il y avait plus de gens qui vivaient dans cette région que n’importe où ailleurs au Pays de Galles. En effet, une vingtaine de villes fortifiées furent construites dessus et les ports le plus importants du pays étaient sur ses cotes. Les phéniciens y firent escale à de nombreuses reprises car ils étaient à la recherche d’étain, ce sont d’ailleurs eux qui nommèrent le pays Bri-tin, en anglais the « island of tin » soit l’ile de l’étain. Bien que la plupart du pays était composé de grandes montagnes et de landes, Cantre’r Gwaelod était située bien plus bas – en dessous du niveau de l’eau – ce qui poussa les hommes qui vivaient près de la cote, à construire une grande digue afin de stopper la marée qui envahissait les terres. « On construira des tourelles tout au long de la digue, on mettra des gardes dessus et ils nous préviendrons en cas de faiblesse dans la digue. Les gardes serviront le Prince Seithenyn qui vit tout près dans le port nommé Port Gwyddno » s’enthousiasmaient les constructeurs.

Le Prince Seithenyn était un puissant guerrier mais il avait un vice : il buvait beaucoup et c’était l’un des plus gros alcooliques de toute la Grande Bretagne. Il plaça les gardes de la digue sous la tutelle de son régisseur. Ce dernier qui était déjà occupé avec d’autres choses délégua à son tour, la tâche à son assistant. Un autre prince était chargé du bout de la digue, à Mochras près de la colline d’Ardudwy. Ce prince là s’appelait Teithrin et était un excellent garde qui ne délégua la tâche à personne d’autre qu’à lui-même. Un jour alors qu’il inspectait la digue, il y aperçu un trou. Il alla alors trouver Seithenyn qui lui demanda de venir dans son château en lui indiquant qu’un festin s’y préparait. Teithrin accepta mais – plus responsable que son homologue – il resta sobre et garda un œil sur tout ce qui se passait pendant que le deuxième prince but du vin à en devenir ivre.

Quand le festin fut terminé, Teithrin se hâta au palace de Gwyddno : ce dernier était un beau palace de pierres blanches qui se tenait sur les bords de la rivière Mawddach au dessus d’un endroit ou il pleut sur les plaines de Cantre’r Gwaelod. Un garde qui se tenait à la porte du château lui indiqua qu’un festin avait actuellement lieu au château et que personne ne pouvait y rentrer à moins d’avoir la qualité de prince. Teithrin se présenta et indiqua qu’il était lui-même prince mais le garde refusa de le croire et lui demanda de prouver ses dires. Le prince s’assit sur une grosse pierre au dessus des douves et demanda à voir Elphin, le fils du Roi Gwyddno car il pouvait confirmer son statut. Elphin était en train de pécher tranquillement dans la rivière Mawddach, à l’ombre d’un frêne où tout était calme et silencieux excepté le bruit de l’eau. Mais tout d’un coup, un gros bruit se fit entendre, bruit qui ressemblait à un coup de tonnerre « Prenez garde ! Prenez garde ! L’oppression de Gwenhudiw ». Alarmé, le jeune prince se releva. Il s’avait que Gwenhudiw était une sirène, la bergère des profondeurs. Il s’avait aussi que les vagues blanches étaient son troupeau et il savait aussi que son père Gwyddno avait reçu un avertissement après qu’il fut venu habiter dans son palace. Le Roi avait d’ailleurs décidé de rester le plus loin possible de la mer. Il se souvenait à quel point son père était anxieux de cet avertissement. Puis, comme il sentait un frisson, il regarda autour de lui et vu un chevalier s’approcher : il s’agissait de Teithrin. Le fils du Roi lui demanda d’où il venait et qui il était. Teithrin se présenta comme étant le fils de Tathal. Teithrin le reconnu et lui demanda se qui l’emmenait par ici. « Je viens chercher le Prince de Cantre’r Gwaelod. Je cherche Elphin, le fils du Roi Gwyddno » lui repondit Teithrin. Puis il lui raconta comment le prince Seithennin avait négligé la réparation de la digue et comment les terres du royaume étaient menacées d’inondation. Elphin le rassura en lui disant qu’ils allaient se rendre au palace sur le champ afin de voir se qui se passait. Arrivé sur place, Teithrin réessaya de passer mais le garde qu’il y avait à l’entrée n’était toujours pas satisfait prétextant que l’individu était trop jeune pour être prince et qu’il devait trouver un autre témoin. Excédé par ce comportement, Teithrin insista en disant qu’il allait rentrer immédiatement dans le palace pour aller voir le prince Seithennin afin de le prévenir de l’avertissement qu’Elphin avait entendu. Ce dernier acquiesça et ils se dirigèrent à l’endroit où se tenait le festin.

Ils y trouvèrent le prince, ivre, comme à son habitude. Cependant, quand il se rendit compte qu’il s’agissait de l’identité des personnes qui se présentaient à lui, il essaya de reprendre ses esprits rapidement et l’invita à s’assoir. Teithrin commença alors à lui expliquer qu’ils avaient fait le voyage pour lui parler d’un problème urgent et lui raconta comment la digue était menacée du fait de sa négligence et que la mer ne tiendrait pas derrière très longtemps. Le prince lui assura que bien que la digue était vieille et cassée à plusieurs endroits, il n’y avait aucun risque, puis il se tourna vers son page pour lui demander de remplir sa coupe. Malgré les insistances des deux jeunes princes, le Seithennin refusa d’entendre raison ne pensant qu’à sa coupe de vin qu’il vidait à grande allure.

Alors qu’ils quittaient le palace, ils croisèrent le chemin d’une belle sirène qui se présenta comme étant Rhonwen, la fille du prince Seithennin et qui leur proposa de visiter un autre endroit du château de son père. Sans crainte, ils la suivirent dans le hall d’entrée et furent frappé par un puissant courant d’air. Le bruit du tonnerre se fit ensuite entendre, puis plus rien avant d’entendre une voix les prévenir : « Prenez garde à l’oppression de Gwenhudiw ». Alarmé, Teithrin se rua vers la digue et aperçu un orage qui approchait : la digue n’allait pas résister aux flots d’eau qui allait se déverser dans la mer. Rhonwen qui avait déjà entendu ces voix auparavant se mise à courir vers le château de son père suivit des deux princes. Le bruit avait réveillé le prince Seithennin et ses invités, ce dernier s’appuyait contre l’un des piliers du palace. Sa vue était floue mais il pouvait quand même voir l’eau qui arrivait sur ses terres. L’écume des vagues donnèrent l’impression à Seithennin qu’il s’agissait d’une tempête de neige mais il le bruit du tonnerre lui fit changé d’avis. Rhonwen cria à son père de se réveiller et de secouer les autres invités qui ivres, s’étaient endormis. Puis les murs du château commencèrent à s’écrouler les un après les autres. « Quel est l’ennemi qui m’attaque ? » demanda Seithennin, puis il se jeta dans les flots depuis les ruines du château.

Les deux princes et la sirène décidèrent que la meilleure chose à faire était de quitter le plus rapidement ce qu’il restait du château, suivit par des domestiques, des dames du château et du barde. La tempête ne s’était pas calmée et petit à petit alors qu’ils continuaient à marcher pour y échapper, la nuit commença à tomber. Ils luttèrent toute la nuit puis à l’aube, alors que le soleil se levait, ils furent témoin des dégâts causés par la marée. La mer couvrait à présent toutes les terres de Cantre’r Gwaelod. Les trois compères décidèrent de continuer leur chemin vers le château du Roi Gwyddno, ce dernier les accueillant à bras ouverts. Le Roi avait entendu l’avertissement et vu la violente lumière dans le ciel. Mais il annonça avec tristesse qu’Aberdovey était maintenant sous les eaux. Les années passèrent mais le village ne fut jamais désensevelit et la plaine de Cantre’r Gwaelod est toujours actuellement sous les eaux.

  • Quelques précisions :
L’historien Huw Peredur d’Aberystwyth dit qu’à l’instar de la plupart des mythes, celui-ci doit être du à une histoire populaire expliquant le hausse du niveau de la mer après l’âge de glace. Il ajoute cependant que les restes d’une forêt submergée qui ont été retrouvé à Borth laissent suggérer qu’une grande tragédie est arrivée il y a très longtemps, et que le mythe est surement inspiré de cette histoire.

Cette légende à inspiré beaucoup de poèmes et de chansons à travers les âges. On pense que la première mention remonte au Livre Noir de Carmarthen de 750. Ce livre, nommé de la sorte à cause de la couleur de sa reliure, a été écrit en 1250 et contient des poèmes sur des histoires qui se sont passées il y a des années. On y trouve notamment un poème sur Cantre’r Gwaelod qui s’appelle « Boddi Maes Gwyddno » soit « La noyade des Terres de Gwyddno » en français, et qui raconte une autre version de la légende où c’est une sirène du nom de Mererid qui est responsable du déluge qui s’est abattu sur les terres.

Quelque soit la version de l’histoire, on raconte que si on écoute attentivement, on peut entendre les cloches de la ville perdue qui sonnent depuis le fonds des mers, spécialement si on se trouve à Aberdovey qui est l’endroit le plus proche de Cantre’r Gwaelod. La célèbre chanson « The Bells of Aberdovey » (Les Cloches d’Aberdovey) est devenue populaire durant le 18ème siècle dans les music-halls et cette chanson est toujours connue et souvent chanté dans les pubs gallois aujourd’hui. Le compositeur de cette chanson est inconnu mais les mots ont été écris par John Ceiriog Hughes pendant le 19ème siècle.

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