lundi 4 avril 2011

La sirene de Zennor – Angleterre

Cornouailles

Il fut un temps ou la mer représentait tout pour les habitants du village de Zennor. Elle leur donnait du poisson qui pouvait servir à la fois de nourriture ou de marchandise, mais servait aussi de route pour pouvoir se déplacer de village en village. Les heures ne défilaient pas sur le cadran des horloges mais en fonction des marées hautes et basses. Mais la mer pouvait aussi tout leur reprendre quand de violents orages grondaient et que les poissons et les pêcheurs se retrouvaient perdus en mer.

A la fin de la journée, quand la mer était calme, que tous les pécheurs étaient rentrés au port sains et saufs et avec beaucoup de poissons, les villageois de Zennor marchaient le long du chemin qui rendait à la petite église du village pour remercier Dieu et pour lui demander de bonnes prises pour le lendemain.

Un jeune homme du nom de Mathew Trewella faisait partie de la chorale des vêpres. Il était vraiment très beau, autant dans l’apparence que dans sa façon de chanter qui était parfaite et très envoutante. C’est toujours lui qui chantait l’hymne de fin.

Un soir, alors que la mer était calme, que tous les bateaux étaient au port et que toutes les familles étaient à l’église, quelque chose vint perturber le calme qui régnait au sein du village. Les vagues se séparent sans un bruit et une créature en sortie. Cette créature était mi-femme, mi-poisson. Elle aurait pu être une femme si ses jambes n’étaient pas une queue de poisson. Il s’agissait en fait d’une sirène, l’une des filles du Roi de l’Océan Llyr, et elle s’appelait Morveren.

Elle contempla un moment son reflet dans l’eau, puis y rejeta tous les petits crabes et coquillages qui s’étaient pris dans sa longue chevelure. Et, alors qu’elle écoutait le doux bruit des vagues et du vent, elle entendit la voie de Mathew porté par le vent. Elle eut à peine le temps de se demander quelle brise pouvait faire une si jolie mélodie que le vent cessa et la chanson de Mathew avec. Puis la nuit commença à tomber et Morveren se laissa glisser dans les eaux pour rejoindre son royaume.

Elle revint le lendemain mais cette fois-ci elle ne s’installa pas sur le rocher, elle nagea plus près de la berge pour pouvoir mieux entendre la voie de Mathew. « Quel est l’oiseau au chant si doux ? » se demanda t-elle. Mais il faisait sombre et ses yeux ne pouvaient rien apercevoir.

Le lendemain elle revint plus tôt et s’installa effrontément juste à coté des bateaux des pécheurs. Quand elle commença à entendre la voie de Mathew, elle appela « quel est le roseau capable de faire une si jolie musique ? ». Mais les villageois étaient tous dans l’église et il n’y avait d’autre bruit que celui des vagues s’écrasa sur les coques des bateaux.

Morveren était déterminée à savoir d’où venait ce chant alors elle se issa sur la berge d’où elle pu apercevoir l’église. Ses portes étaient ouvertes, c’est pour cela que le chant de Mathew pouvait en sortir. Personne ne pouvait l’aider alors elle décida d’aller voir elle-même qui chantait de façon si douce. Mais quand elle regarda derrière elle, elle s’aperçue que la mer était en train de descendre et qu’elle était obligée de s’en aller.

Elle s’enfonça alors dans la mer et nagea jusqu’au royaume de son père pour lui raconter ce qu’elle avait entendu.

« Entendre est suffisant mon enfant »

« Je dois y aller père, cette musique est magique »

« Non, la musique est le fait de l’homme et vient de la bouche d’un homme. Nous, habitants des mers, ne marchons pas sur les terres des humains »

Une larme aussi large qu’une perle de l’océan roula alors sur la joue de Morveren.

Llyr soupira et son soupir était tel le grondement d’une énorme vague qui terminerait sa course sur un rocher. Une sirène ne doit jamais pleurer et cela perturba beaucoup le Roi des Océans.

« Vas-y alors. Mais fait très attention. Couvre ta queue avec une robe comme font les femmes. Ne fais aucun bruit et fais attention a ce que personne ne te remarque. Reviens avec la marée haute ou tu ne pourras plus jamais revenir »

« Je ferrais attention père ! »

Llyr lui donna ensuite une magnifique robe incrustée de perle, de jade et de coraux ainsi que des bijoux des océans. Elle en recouvrit sa queue et cacha ses cheveux brillant derrière un filet. Déguisée ainsi elle pouvait se rendre à l’église en compagnie des êtres humains.

Les écailles glissantes de sa queue de poisson ne lui facilitèrent pas la tache pour se rendre sur le chemin qui menait à la petite église, pas plus que la robe qu’elle n’avait pas l’habitude de porter. Mais elle était déterminée et se débrouilla en s’accrochant aux branches des arbres jusqu’à ce qu’elle atteigne la porte de l’église. Elle était juste à temps pour l’hymne final. Les villageois étaient occupés à regarder leur livre de chant ou la chorale et personne ne remarqua sa présence. Mais elle, elle aperçu Mathew, aussi beau qu’un ange. Son chant était semblable que ceux que l’on pouvait entendre au paradis et en tant que sirène, elle savait de quoi elle parlait.

Et tout les soirs, Morveren s’habilla de sa robe et se rendit jusqu’à l’église pour profiter du spectacle. Mais elle prenait soin de toujours repartir juste avant la dernière note afin de ne pas rater la marée. Avec le temps, Mathew grandissait et sa voie devenait de plus en plus grave et de plus en plus puissante. Puis vint un jour ou Morveren oublia le temps, elle écouta un couplet, puis un autre, puis un troisième, ils étaient tous plus beau les un que les autres et elle ne pu s’empêcher de laisser échapper un petit soupir.

Il s’agissait juste d’un tout petit soupir, plus petit encore que le bruit d’une vague mais Mathew l’entendit tout de même et aperçu la sirène. Les yeux de Morveren brillaient, au même titre que ses cheveux qui n’étaient plus recouvert par le filet. Il arrêta de chanter devant une si belle beauté et en tomba immédiatement amoureux.

Morveren commença à avoir très peur. Son père l’avait prévenu de ne pas se faire remarquer. En plus de cela il faisait chaud et sec dans l’église alors que les habitants des mers doivent rester dans des endroits humides ou mouillés. Elle sentit qu’elle se desséchait et se tourna vers la porte de l’église dans la hâte.

« Stop ! Attend ! » cria Mathew qui se précipita vers elle.

Puis tous les villageois se tournèrent et effrayés, laissèrent tomber leur livre de chants.

Emmêlé dans sa robe, Morveren trébucha. Elle serait tombée si Mathew ne l’avait pas retenu.

« Reste ! Qui que tu sois, ne part pas ! » lui supplia t-il.

Des larmes aussi salées que l’eau de la mer roulèrent sur les joues de Morveren.

« Je ne peux pas rester, je suis une créatures des mers et je dois retourner de là où je viens ».
Mathew la fixa longuement et se rendit compte de a queue de poisson qui dépassait de sa robe. Mais cela ne lui fit pas peur du tout.

« Alors emmène moi avec toi »

Et il prit Morveren dans ses bras, passa le petit chemin qui menait de l’église à la mer près à s’enfoncer dans les eaux avec elle malgré les cris des villageois qui lui suppliaient de rester. Mais il était trop tard, Mathew était ensorcelé par l’amour de la sirène et il couru le plus vite possible pour atteindre la mer. Les villageois et sa mère courraient derrière lui pour essayer de le rattraper mais rien n’y fit, il les avait déjà distancé. Morveren qui était intelligente et maligne s’était débarrassée de ses bijoux sur le chemin et les hommes du village s’arrêtèrent pour récupérer les pierres précieuses. A présent, seule la mère de Mathew essayait de le rattraper.

La marée était en train de descendre laissant apparaitre la pointe des gros rochers. Il n’y avait plus assez de fond pour que Morveren puisse nager mais Mathew plongea dans l’eau et avança sur ses genoux jusqu’à ce que la mer recouvre sa taille, puis ses épaules. Finalement, les eaux recouvrirent rapidement les deux amoureux.

Bien que les villageois de Zennor ne les revirent plus jamais, ils continuaient d’entendre Mathew qui chantait des chansons et des comptines jours et nuits. Il avait appris comment fonctionnait la mer et chantait haut si elle serait calme et clémente, et bas si Llyr avait l’intention de l’agiter. Et grâce à ses chansons, les pêcheurs de Zennor savaient s’ils pouvaient prendre la mer en sécurité ou s’il valait mieux rester au port.

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