Littéralement « pendu, trainé par la claie jusqu’à la potence et coupé en quatre ».
Datant de 1351, il s’agit de la peine ultime que l’on appliquait aux hommes reconnus coupables de haute trahison. Les femmes reconnue coupable du même crime, étaient quant à elles et ce pour des raisons de décence, brulées sur un buché. Bien que l’on trouve les premières traces de cette sentence pendant le règne d’Henry VIII, elle a été beaucoup plus utilisée par son successeur Édouard Ier d’Angleterre.
Illustration de la torture
Le malheureux était tout d’abord trainé par une claie par un cheval jusqu’au lieu de l’exécution. Il était ensuite pendu mais pas complètement afin qu’il soit encore conscient lorsqu’il se faisait émasculé, éventré, coupé la tête puis coupé en quatre. La plupart du temps les restes étaient dispatchés à des endroits stratégiques de la ville – le London Bridge par exemple – cela servant d’avertissement pour les autres.
Certains condamnés avaient de la chance car ils voyaient leur sentence échangée par un autre bien moins douloureuse. Mais malheureusement, tous n’étaient pas si chanceux et il fallu attendre 1814 pour que la peine se transforme en « trainé jusqu’à la potence, pendu jusqu’à la mort » puis on décapitait le cadavre et le coupait en quatre. C’est en 1870 que cette peine fut finalement abolit.
- La trahison en Angleterre :
La première personne (que l’on a retrouvée dans les registres) à avoir subit cette peine est un homme du nom de William Maurice. Il fut reconnu coupable de piraterie et fut condamné en 1241 sous le règne d’Henry VIII mais comme nous l’avons vu plus haut, cette sentence était surtout utilisée sous le règne d’Édouard 1er d’Angleterre.
Même les nobles n’échappaient pas à la peine si ils étaient reconnus coupables de haute trahison : Dafydd ap Gruffydd, le dernier Roi de Gwynedd au Pays de Galles fut d’ailleurs le premier à recevoir cette sentence. En effet, bien qu’il combattu tout d’abord aux cotés du Roi Édouard, il eut ensuite le malheur de se retourner contre lui et à la mort de son frère, il s’autoproclama Prince du Pays de Galles et Lord de la région de Snowdon. Il fut capturé, jugé puis exécuté en 1282 et ses restes furent éparpillés aux quatre coins du pays. Sa tête quant à elle fut installée au sommet de la Tour de Londres.
William Wallace, un noble chevalier, subit la même sentence. Il fut capturé et jugé en 1305, puis on l’attacha sur la claie et il fut tiré par un cheval à travers les rues de Londres jusqu’à son échafaud situé à Smithfield. Sur le trajet, il fut fouetté et frappé par les villageois qui venaient assister à la scène en tant que spectateurs. Parfois même ils en profitaient pour jeter de la nourriture pourrie sur le malheureux. Sa tête à lui fut placée sur une pique sur le London Bridge – c’est d’ailleurs le premier à s’être retrouvé à cet endroit – tandis que ses jambes et bras furent partagés entre les différentes villes de l’Angleterre et de l’Écosse.
Ces exécutions intervinrent alors que la trahison et ses punitions n’étaient pas encore clairement incriminées dans la Common Law. La trahison était basée sur l’allégeance au souverain pour tous les sujets âgés de quatorze ans ou plus, et il appartenait au Roi ou aux juges de déterminer quand cette allégeance était violée. C’était donc très subjectif et les gens étaient à la merci de la bonne volonté du Roi et des juges. Afin de palier à cette situation, une loi fut prise en 1351 par le Roi Édouard III lors de sa vingt-cinquième année de règne. A l’époque, les lois prisent pas le Roi n’étaient pas discutables et avaient principalement pour but de protéger le trône et la souveraineté. Cette loi divisa la trahison en deux :
- La petite trahison : s’appliquait aux serviteurs ayant assassiné un maitre ou un lord, aux femmes ayant assassiné leurs maris…
- La haute trahison : c’était le pire crime qu’un individu puisse commettre car on considérait que cela touchait directement au droit qu’avait le roi à gouverner. Les atteintes à l’autorité du roi étaient vues encore plus durement si elles étaient accompagnées d’un affront direct sur sa personne – cette dernière étant considérée comme une attaque à son statut de souverain. Les cas suivants étaient considérés comme étant de la haute trahison :
o Imaginer la mort du roi, sa femme, son fils ainé ou ses héritiers.
o Violer la femme du roi, sa fille ainée si elle n’est pas mariée ou la femme de son fils ainés et héritières.
o Mener une guerre contre le roi et son royaume.
o Adhérer au ennemis du roi au sein de son royaume, les aider dans le royaume ou ailleurs.
o Contrefaire le grand sceau du Royaume Uni, le sceau privé du souverain ou la monnaie du royaume.
o Transporter consciemment de la monnaie contrefaite.
o Assassiner le Lord Chancelier, le Lors Trésorier ou autre personnage en rapport avec la justice, dans l’exercice de ses fonctions.
Cependant, les juges avaient quand même un droit de regard et pouvait étendre la notion de « haute trahison » quand ils estimaient que c’était utile.
- La peine :
Jusqu’en 1552, la présence de seulement un témoin suffisait pour faire tomber quelqu’un pour trahison. Au-delà de cette date, il en fallait deux. Les suspects étaient d’abord torturés en privé. Lors du procès – qui lui était public – ils n’avaient droit à aucun témoin et aucune n’aide à la défense et le plus souvent ils étaient présumés coupables avant même le début du procès. La loi de 1695 que l’on a vu plus haut changera beaucoup de chose pour le suspect car grâce à elle il aura droit à des témoins, un avocat, une copie de son acte d’accusation et un jury.
Après avoir été jugé, le coupable était le plus souvent détenu en prison quelques jours avant d’être trainé par un cheval à l’endroit de l’exécution. On le débarrassait ensuite de ses vêtements puis on le montait sur l’échafaud. Venait ensuite la pendaison pendant un court laps de temps afin de provoquer une strangulation mais pas la mort. Puis on l’éventrait – certains étaient émasculés – et les rares personnes qui étaient encore vivantes à ce stade là voyaient leurs trippes jetées au feu. On leur enlevait ensuite le cœur, puis la tête, puis le corps était coupé en quatre et dispersé aux quatre coins de la ville.
Une autre illustration de la torture
Comme pour Wallace, la tête pouvait être exhibée sur le London Bridge car il s’agissait d’un chemin beaucoup emprunté par les voyageurs qui entraient dans la ville. En 1566, Joseph Justus Scaliger – un érudit du 17ème – écrit qu’à « Londres il y a beaucoup de tête du le pont… J’ai vu ici, à la manière des mats de bateaux, et au sommet de ceci, des morceaux de cadavres humains ». En 1602, le Duc de Stettin témoigne de leur caractère omniprésent en écrivant « près de la fin du pont, du coté de la banlieue, se dressait les têtes d’une trentaine de gentlemen de haut standing qui avaient été décapités pour cause de trahison et de pratiques secrètes contre la Reine ».
Avant d’être pendu, les prisonniers donnaient parfois des discours publics pour exprimer leurs remords et demander le pardon.
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