Le Projet Darién est décrit par certains comme "le
projet colonial le plus ambitieux du 17ème siècle […]", et par
d'autres comme "une idée stupide qui tourna au désastre car il n'y avait
aucune chance".
William Paterson – un écossais connu par les autres pour
avoir créée la Banque d'Angleterre – est né en 1658 dans le Dumfriesshire. Il
fit ses premières fortunes avec le commerce international en voyageant
principalement en Amérique et aux Antilles. Dés son retour en Écosse, Paterson
commença à se dire qu'il pouvait faire une deuxième fois fortune avec une toute
autre idée. Son plan était de créer un lien entre l'Est et l'Ouest à partir
duquel il pourrait commander son commerce dans les deux océans : le Pacifique
et l'Atlantique.
Paterson expliquant le Plan Darién à Edimbourg - Copyright William Henry Margetson
En 1693, Paterson aida alors à établir la Company of Scotland Trading to Africa and
the Indies à Édimbourg pour installer un entrepôt sur l'isthme de Darién –
une étroite bande de terre séparant le Nord et le Sud de l'Amérique –
maintenant connu sous le nom de Panama. Le but était à la fois de faire
prospérer la Company grâce au
commerce étranger, mais aussi de promouvoir Darién comme un endroit où les
Écossais pourraient s'installer.
Les premiers responsables de la Company of Scotland étaient des Écossais et des Anglais en nombre
égal. Les Anglais et les Hollandais mirent la moitié du capital et les Écossais
mirent l'autre moitié. Quoiqu'il en soit le Parlement Anglais – effrayé à
l'idée de perdre le monopole du commerce et sous la pression de l'East India
Company – retira son support au projet au dernier moment forçant ainsi les
Anglais et les Hollandais à également se retirer laissant les Écossais seuls
investisseurs.
Une carte de Darién - Copyright
Des centaines d'Écossais ordinaires se pressèrent pour
investir leur argent dans l'expédition et la somme réunie s'éleva à plus de
£500,000. Pratiquement tous les Écossais qui avaient un peu d'argent de coté
investirent dans le Projet Darién. Un millier d'entre eux se portèrent
volontaires pour voyager à bord des cinq bateaux qui avaient été affrétés pour
transporter les pionnés jusqu'à ce nouvel endroit, incluant les Highlanders qui
fuyaient la famine et les soldats libérés après le Massacre de Glencoe.
Mais personne ne s'était vraiment déplacé pour voir cette
terre promise, pas même Paterson, et les pionnés crurent à tort – sur les
spéculations des marins et des pirates – que Darién leur offrirait une colonie
où les entrepreneurs pourraient établirent des liens pour leur commerce avec le
reste du monde et ainsi leur apporter du prestige et la prospérité dans leur
pays. C'est alors en grande pompe et avec beaucoup d'excitation que le 12 Juillet
1698, les premiers bateaux prirent la mer depuis le port de Leith avec 1200
personnes à leurs bords.
Le 30 Octobre 1698, c'est un groupe de pionnés épuisés et
démoralisés qui arriva sur ce petit morceau de terre infestée de moustiques
portant le nom de Darién. Beaucoup d'entre eux étaient déjà malades, d'autre se
querellaient sur la question du pouvoir à partager entre les élus. Quand ils
arrivèrent sur le rivage, ils renommèrent les terres Calédonie et sa nouvelle
capital New Edinburgh, mais leur première vrai tache fut de creuser des tombes
pour les nombreux pionnés morts pendant le voyage – incluant la femme de
Paterson. La situation ne cessa d'empirer a cause du manque de nourriture et
aux fréquentes attaques des Espagnols. Malgré l'aide des Amérindiens qui eurent
pitié des Écossais et qui leur offrirent des fruits et du poisson, 400 Écossais
moururent seulement sept mois après leur arrivée. Ceux qui réussirent à
survivre étaient décharnés et fiévreux, ils décidèrent alors de quitter ces
terres.
Malheureusement, les nouvelles ne voyageaient pas
rapidement au 17ème siècle et en Novembre 1699, six bateaux de plus
quittèrent le port de Leith avec à leurs bords 1300 pionnés qui ignoraient
complètements ce qui se passait de l'autre coté de l'océan. Une troisième vague de cinq bateaux prirent
les flots peu de temps après. Un seul bateau sur les seize affrétés réussit à
retourner en Écosse avec à son bord, une poignée de survivants. Plus de deux
milles personnes périrent, les £500,000 investit furent perdu mettant l'Écosse
au bord de la banqueroute.
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